paroles du bout du monde

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Keyword - dans un autre monde -

Fil des billets

mercredi 1 octobre 2008

De la nourriture donnée aux requins

Depuis mon bain sud-africain avec les grands requins blancs et les requins-taureaux, j'ai développé une certaine attirance pour ce poisson cartilagineux aux proportions souvent hors normes. L'animal qui occupe le sommet de la chaine alimentaire a atteint un tel degrés de perfection pour la prédation qu'il n'a pas évolué depuis près de 200 millions d'années.
Après une tentative infructueuse une semaine auparavant, je retourne à Pacific Harbour où deux centres de plongée proposent le shark-feeding (initiative qui consiste à nourrir les requins), une activité d'un côté condamnable puisqu'elle interagit avec le monde animal mais d'un autre côté respectable car elle permet de promouvoir la protection de cet animal fragile qui finit souvent dans des filets aux mailles trop serrées ou accroché à un hameçon d'une partie stupide de « pêche au gros ».
Sur le bateau, nous recevons des consignes strictes puisqu'aucune cage de protection ne nous entourera. Nous resterons derrière une corde encadrée par deux plongeurs équipés de bâtons pour écarter un éventuel requin nageant dans notre direction. 2 autres plongeurs s'occupent d'ouvrir 2 grandes poubelles gavées de restes de thons. Et le festival commence. De nombreux poissons opportunistes tels que carangues ou remoras nagent en ronde et tentent de grappiller un morceau au passage. Mais ces poissons s'effacent lorsque les prédateurs cartilagineux arrivent parmi lesquels les 2 requins les plus agressifs du monde, le requin-tigre et le requin-bulldog. Requin-citron, nourrice et du récif complèteront cette belle diversité.
Un des membres de l'équipe s'approche de moi, me prend par le bras et me tire vers la scène. Un requin-nourrice repose sur le fond quand ma main se tend vers l'animal et caresse délicatement sa peau rugueuse. Car la peau de requin n'est pas lisse ; elle est constellée d'innombrables mini-dents et était autrefois vendue comme artifice pour poncer les coques de bateaux. Ces aspérités permettent de casser le vortex de l'eau qui se forme lors de la nage du requin et améliore ainsi son hydrodynamisme. Je reprends ma place derrière la corde et garde les yeux grand ouverts devant le spectacle. Une plongée pas comme les autres au royaume des prédateurs.

IMG_1091_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1098_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1099_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1110_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1159_beqa_lagoon_aquatrek.JPG


IMG_1166_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1167_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1169_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1170_beqa_lagoon_aquatrek.JPG


IMG_1178_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1185_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1189_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1200_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1209_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_0908_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1032_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1066_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_1119_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_0913_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_0916_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_0921_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_0925_beqa_lagoon_aquatrek.JPG
IMG_0933_beqa_lagoon_aquatrek.JPG

lundi 15 septembre 2008

les sangsues de la plus vieille jungle du monde

A l'extrême nord-est de la Malaisie, près de la frontière thaïlandaise, ma montre indique 6h. Le ciel est encore obscur quand j'embarque pour le train de la jungle. Une voie ferrée pittoresque qui traverse et anime l'intérieur du pays. Une poignée de villages et de résidences agricoles sont les maigres témoins de la présence humaine au milieu de la végétation dense qui borde le parcours. En début d'après-midi, je descends du train dans la commune de Jerantut avant d'attraper un bus pour le parc national de Taman Negara. Une authentique jungle, plus vieille que l'Amazonie ou les forêts du Congo, qui affiche 130 millions d'années. Elle a résisté aux différents déluges, variations géologiques, activités volcaniques et pour encore longtemps je l'espère à l'appétit humain de déforestation.
De nombreux sentiers balisés s'enfoncent dans la verdure. L'un d'entre eux conduit à une série de ponts de singe au-dessus de la canopée. Un autre longe la rivière au milieu de la végétation inextricable. Une variété de plantes occupent les basses couches de la jungle tandis que de longs arbres pointent vers le ciel pour capter les rayons du soleil. En chemin, une myriade d'insectes rampent sur le sol. Des fourmis titanesques qui dépassent les deux centimètres marchent frénétiquement sur le sentier touristique. Mon pied hésite lorsqu'il rencontre un scorpion d'une quinzaine de centimètres de long. Mais ma rencontre la plus détestable viendra lorsque je soulèverai mon tee-shirt en constatant qu'une dizaine de sangsues se sont tranquillement invitées sur mon ventre et mes jambes. Ce n'est pas douloureux mais elles restent accrochées jusqu'à tripler ou quadrupler leur volume en se gorgeant de sang. Pour faciliter leur travail de pompage, elles injectent un anti-coagulant qui retarde la cicatrisation de la blessure. J'attendrai plusieurs heures avant de voir mes minuscules plaies se refermer. Les aléas de la jungle.
Le lendemain je quitte la jungle en bateau pour une reposante balade sur les eaux boueuses d'une des rivières du parc. Retour à un monde civilisé.

IMG_8424_taman_negara.JPG
IMG_8427_taman_negara.JPG
IMG_8431_taman_negara.JPG
IMG_8445_taman_negara.JPG
IMG_8447_taman_negara.JPG
IMG_8448_taman_negara.JPG
IMG_8449_taman_negara.JPG
IMG_8450_taman_negara.JPG
IMG_8459_taman_negara.JPG
IMG_8465_taman_negara.JPG
IMG_8473_taman_negara.JPG
IMG_8482_taman_negara.JPG
IMG_8491_taman_negara.JPG
IMG_8496_taman_negara.JPG
IMG_8512_taman_negara.JPG
IMG_8538_taman_negara.JPG
IMG_8543_taman_negara.JPG
IMG_8544_taman_negara.JPG
IMG_8555_taman_negara.JPG
IMG_8560_taman_negara.JPG
IMG_8562_taman_negara.JPG
IMG_8566_taman_negara.JPG
IMG_8568_taman_negara.JPG
IMG_8572_taman_negara.JPG
IMG_8576_taman_negara.JPG
IMG_8581_taman_negara.JPG
IMG_8582_taman_negara.JPG
IMG_8587_taman_negara.JPG
IMG_8590_taman_negara.JPG
IMG_8596_taman_negara.JPG
IMG_8605_taman_negara.JPG

vendredi 29 août 2008

les travailleurs du soufre


kawah_ijen_6698-6704_T.jpg
Fin de notre aventure balinaise, la plupart de la famille rentre en France pour profiter des derniers jours d'été sur la côte d'Azur. Je continue avec mes parents vers Java. Une courte course en bemo jusqu'à Gilimanuk avant de monter à bord du ferry qui relie l'île de Java en 45 minutes. transition d'une île à l'autre, changement de culture radical.
Notre première étape sera le Kawah Ijen, un volcan dont le cratère abrite un lac émeraude. Ce volcan fut médiatisé en son temps par Nicolas Hulot et les époux Kraft pour ses couleurs époustouflantes et la sensation que l'homme n'est pas le bienvenu au cœur de cette montagne.

IMG_6760_kawah_ijen.JPG
kawah_ijen_oppose_6566-6571_T.jpg
kawah_ijen_6644-6648_T.jpg
IMG_6579_kawah_ijen.JPG
IMG_6580_kawah_ijen.JPG
IMG_6584_kawah_ijen.JPG
IMG_6588_kawah_ijen.JPG
IMG_6599_kawah_ijen.JPG
IMG_6600_kawah_ijen.JPG
kawah_ijen_6628-6632_T.jpg
IMG_6633_kawah_ijen.JPG
IMG_6652_kawah_ijen.JPG
IMG_6656_kawah_ijen.JPG
IMG_6657_kawah_ijen.JPG
IMG_6658_kawah_ijen.JPG
IMG_6659_kawah_ijen.JPG
IMG_6663_kawah_ijen.JPG
IMG_6666_kawah_ijen.JPG


Le Kawah Ijen est la principale zone d'extraction du soufre d'Indonésie. Le dépôt de cette substance jaunâtre se situe à l'intérieur même du cratère. Enveloppés d'un nuage sulfureux étouffant, nous descendons à sa rencontre. En chemin, aucune machine, juste quelques hommes armés de 2 paniers qu'ils portent en équilibre sur une de leurs épaules. Un travail épouvantable qui commence un peu plus bas, près du lac émeraude. Des tuyaux délivrent de la vapeur qui liquéfie le soufre. Le jus orangé finit par se solidifier en une dalle jaune et compacte. Un ouvrier casse le sol pour obtenir des morceaux transportables qu'il charge dans les paniers. Un vulgaire linge sale couvre son nez et sa bouche en guise de protection respiratoire. Autour du monticule sulfureux, une vapeur blanchâtre et suffocante donne une sensation d'un autre monde. Chaque porteur charge son colis et entame une lente remontée du cratère puis une redescente vers la vallée. La souffrance se lit sur les visages, les effets désastreux des gaz respirés jour après jour s'entend dans les toux rauques de ces travailleurs courageux. Plus de 2 heures d'efforts pour ramener le butin en bas du volcan. Chaque héros porte un minimum de 80 kilos, deux fois par jour. Le kilo s'échange à 400 Rupiah ce qui représente un gain d'un euro pour 35 kilos ramenés ! Un germinal des temps modernes. Seule consolation, le décor est un bonheur visuel. Des couleurs surnaturelles. Une fumée dense et mystique qui, comme un écrin, cache la beauté de ses entrailles. Une terre inhospitalière où l'homme n'a pas sa place mais que les réalités économiques poussent les plus nécessiteux à s'enrôler pour l'aventure. Et avec 80 kilos sur une épaule déformée par tant de montées et descentes, ils sont à mes yeux de véritables héros. Et chaque fois que je mangerai du sucre en poudre je penserai à ces visages souriants que la vie n'a pas gâté car parmi ces utilisations, le souffre sert à raffiner le sucre.

IMG_6668_kawah_ijen.JPG
IMG_6673_kawah_ijen.JPG
IMG_6683_kawah_ijen.JPG
IMG_6693_kawah_ijen.JPG
IMG_6694_kawah_ijen.JPG


IMG_6705_kawah_ijen.JPG
IMG_6709_kawah_ijen.JPG
IMG_6710_kawah_ijen.JPG
IMG_6712_kawah_ijen.JPG
IMG_6714_kawah_ijen.JPG
IMG_6723_kawah_ijen.JPG
IMG_6742_kawah_ijen.JPG
kawah_ijen_6737-6741_T.jpg

- page 5 de 9 -