Depuis mon bain sud-africain avec les grands requins blancs et les requins-taureaux, j'ai développé une certaine attirance pour ce poisson cartilagineux aux proportions souvent hors normes. L'animal qui occupe le sommet de la chaine alimentaire a atteint un tel degrés de perfection pour la prédation qu'il n'a pas évolué depuis près de 200 millions d'années.
Après une tentative infructueuse une semaine auparavant, je retourne à Pacific Harbour où deux centres de plongée proposent le shark-feeding (initiative qui consiste à nourrir les requins), une activité d'un côté condamnable puisqu'elle interagit avec le monde animal mais d'un autre côté respectable car elle permet de promouvoir la protection de cet animal fragile qui finit souvent dans des filets aux mailles trop serrées ou accroché à un hameçon d'une partie stupide de « pêche au gros ».
Sur le bateau, nous recevons des consignes strictes puisqu'aucune cage de protection ne nous entourera. Nous resterons derrière une corde encadrée par deux plongeurs équipés de bâtons pour écarter un éventuel requin nageant dans notre direction. 2 autres plongeurs s'occupent d'ouvrir 2 grandes poubelles gavées de restes de thons. Et le festival commence. De nombreux poissons opportunistes tels que carangues ou remoras nagent en ronde et tentent de grappiller un morceau au passage. Mais ces poissons s'effacent lorsque les prédateurs cartilagineux arrivent parmi lesquels les 2 requins les plus agressifs du monde, le requin-tigre et le requin-bulldog. Requin-citron, nourrice et du récif complèteront cette belle diversité.
Un des membres de l'équipe s'approche de moi, me prend par le bras et me tire vers la scène. Un requin-nourrice repose sur le fond quand ma main se tend vers l'animal et caresse délicatement sa peau rugueuse. Car la peau de requin n'est pas lisse ; elle est constellée d'innombrables mini-dents et était autrefois vendue comme artifice pour poncer les coques de bateaux. Ces aspérités permettent de casser le vortex de l'eau qui se forme lors de la nage du requin et améliore ainsi son hydrodynamisme. Je reprends ma place derrière la corde et garde les yeux grand ouverts devant le spectacle. Une plongée pas comme les autres au royaume des prédateurs.
Keyword - dans un autre monde -
mercredi 1 octobre 2008
De la nourriture donnée aux requins
Par dorian le mercredi 1 octobre 2008, 16:19 - TDM2-Fidji
lundi 15 septembre 2008
les sangsues de la plus vieille jungle du monde
Par dorian le lundi 15 septembre 2008, 10:24 - TDM2-Malaisie
A l'extrême nord-est de la Malaisie, près de la frontière thaïlandaise, ma montre indique 6h. Le ciel est encore obscur quand j'embarque pour le train de la jungle. Une voie ferrée pittoresque qui traverse et anime l'intérieur du pays. Une poignée de villages et de résidences agricoles sont les maigres témoins de la présence humaine au milieu de la végétation dense qui borde le parcours. En début d'après-midi, je descends du train dans la commune de Jerantut avant d'attraper un bus pour le parc national de Taman Negara. Une authentique jungle, plus vieille que l'Amazonie ou les forêts du Congo, qui affiche 130 millions d'années. Elle a résisté aux différents déluges, variations géologiques, activités volcaniques et pour encore longtemps je l'espère à l'appétit humain de déforestation.
De nombreux sentiers balisés s'enfoncent dans la verdure. L'un d'entre eux conduit à une série de ponts de singe au-dessus de la canopée. Un autre longe la rivière au milieu de la végétation inextricable. Une variété de plantes occupent les basses couches de la jungle tandis que de longs arbres pointent vers le ciel pour capter les rayons du soleil. En chemin, une myriade d'insectes rampent sur le sol. Des fourmis titanesques qui dépassent les deux centimètres marchent frénétiquement sur le sentier touristique. Mon pied hésite lorsqu'il rencontre un scorpion d'une quinzaine de centimètres de long. Mais ma rencontre la plus détestable viendra lorsque je soulèverai mon tee-shirt en constatant qu'une dizaine de sangsues se sont tranquillement invitées sur mon ventre et mes jambes. Ce n'est pas douloureux mais elles restent accrochées jusqu'à tripler ou quadrupler leur volume en se gorgeant de sang. Pour faciliter leur travail de pompage, elles injectent un anti-coagulant qui retarde la cicatrisation de la blessure. J'attendrai plusieurs heures avant de voir mes minuscules plaies se refermer. Les aléas de la jungle.
Le lendemain je quitte la jungle en bateau pour une reposante balade sur les eaux boueuses d'une des rivières du parc. Retour à un monde civilisé.
vendredi 29 août 2008
les travailleurs du soufre
Par dorian le vendredi 29 août 2008, 16:14 - TDM2-Indonesie
Fin de notre aventure balinaise, la plupart de la famille rentre en France pour profiter des derniers jours d'été sur la côte d'Azur. Je continue avec mes parents vers Java. Une courte course en bemo jusqu'à Gilimanuk avant de monter à bord du ferry qui relie l'île de Java en 45 minutes. transition d'une île à l'autre, changement de culture radical.
Notre première étape sera le Kawah Ijen, un volcan dont le cratère abrite un lac émeraude. Ce volcan fut médiatisé en son temps par Nicolas Hulot et les époux Kraft pour ses couleurs époustouflantes et la sensation que l'homme n'est pas le bienvenu au cœur de cette montagne.
Le Kawah Ijen est la principale zone d'extraction du soufre d'Indonésie. Le dépôt de cette substance jaunâtre se situe à l'intérieur même du cratère. Enveloppés d'un nuage sulfureux étouffant, nous descendons à sa rencontre. En chemin, aucune machine, juste quelques hommes armés de 2 paniers qu'ils portent en équilibre sur une de leurs épaules. Un travail épouvantable qui commence un peu plus bas, près du lac émeraude. Des tuyaux délivrent de la vapeur qui liquéfie le soufre. Le jus orangé finit par se solidifier en une dalle jaune et compacte. Un ouvrier casse le sol pour obtenir des morceaux transportables qu'il charge dans les paniers. Un vulgaire linge sale couvre son nez et sa bouche en guise de protection respiratoire. Autour du monticule sulfureux, une vapeur blanchâtre et suffocante donne une sensation d'un autre monde. Chaque porteur charge son colis et entame une lente remontée du cratère puis une redescente vers la vallée. La souffrance se lit sur les visages, les effets désastreux des gaz respirés jour après jour s'entend dans les toux rauques de ces travailleurs courageux. Plus de 2 heures d'efforts pour ramener le butin en bas du volcan. Chaque héros porte un minimum de 80 kilos, deux fois par jour. Le kilo s'échange à 400 Rupiah ce qui représente un gain d'un euro pour 35 kilos ramenés ! Un germinal des temps modernes. Seule consolation, le décor est un bonheur visuel. Des couleurs surnaturelles. Une fumée dense et mystique qui, comme un écrin, cache la beauté de ses entrailles. Une terre inhospitalière où l'homme n'a pas sa place mais que les réalités économiques poussent les plus nécessiteux à s'enrôler pour l'aventure. Et avec 80 kilos sur une épaule déformée par tant de montées et descentes, ils sont à mes yeux de véritables héros. Et chaque fois que je mangerai du sucre en poudre je penserai à ces visages souriants que la vie n'a pas gâté car parmi ces utilisations, le souffre sert à raffiner le sucre.
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